La langue peut-elle à elle seule assurer l’unité d’un pays?

La culture engobe des façons de penser, d’être, d’agir partagées par les membres d’une communauté. Elle touche davantage aux buts que l’homme se fixe que la langue. Par contre le partage d’une culture ne garantit pas automatiquement l’unité.

Bien que la langue soit un moyen important d’unifier les citoyens d’un pays, elle ne peut à elle seule assurer l’atteinte de cet objectif. Ce qui unit par-dessus tout les habitants d’un pays c’est le but commun qu’ils se donnent. Les membres d’une équipe sont soudés par la recherche de la victoire.

Ce désir explique que certains s’imposent des heures de patinage pour améliorer le coup de patin, des séances pendant lesquelles ils pratiquent le lancer ou encore économisent de l’argent pour s’acheter un meilleur équipement. Le but de l’équipe les motivent à se donner ces sous-buts. Ainsi les citoyens d’un pays s’unissent dans la recherche d’un même but, lequel  leur donne la motivation pour remplir les différentes tâches nécessaires pour mener leurs vies et contribuer à la vitalité du pays. Ce but commun constitue le ciment de cette nation.

La langue permet de communiquer, ce qui est important.  Par contre, deux personnes ont beau parler la même langue si elles poursuivent des buts totalement différents, elles ne sauront se rejoindre. Qu’ont en commun un citoyen qui croit que tout est permis pour s’enrichir et celui qui croit le contraire? Leurs vies diffèrent totalement, leur collaboration s’en trouve entravée d’autant. On dira que ceux qui partagent une même langue ont une culture commune qui les unit.  Certes une culture partagée unit davantage que la langue. Je le reconnais.

La culture engobe des façons de penser, d’être, d’agir partagées par les membres d’une communauté. Elle touche davantage aux buts que l’homme se fixe que la langue. Par contre le partage d’une culture ne garantit pas automatiquement l’unité. Tout dépend de ce sur quoi cette culture insiste. Par exemple, une culture qui tolère la violence, permet de discriminer certaines catégories de citoyens,  ouvre la porte à des divisions Par contre, les citoyens éduqués dans une société reconnaissant les droits de la personne, un état de droit, le système parlementaire, la liberté de penser partagent une culture et des buts communs  susceptibles de rapprocher les citoyens. À l’inverse des citoyens éduqués dans un régime autoritaire qui bafoue les droits de la personne et enlève le droit de parole auront beau parler la même langue, il est clair que cette société instaure une classe dirigeante nantie de privilèges et une masse de citoyens qui doivent compter sur la débrouillardise pour se tailler une place au soleil. Vous entrevoyez toutes les divisions entre les citoyens que ce régime cultive.

Une culture partagée rapproche les citoyens, en particulier si elle instaure des institutions politiques permettant à ses citoyens de travailler en commun à un même objectif. Par contre, toute structure politique aussi juste soit-elle ne peut donner sa pleine mesure que si les citoyens l’utilisent correctement. Cela arrive uniquement s’ils sont motivés à agir de la sorte. Il faut donc qu’un pays dispose de ce qui motive les volontés à agir pour le bien de tous. Quel est l’élément de la culture qui a le plus grand pourvoir de produire cela?

Il s’agit de ce qui touche au but ultime de la vie. Toute la variété des buts poursuivis dans une vie (travail, famille etc.) motivent en raison du pouvoir d’attraction de ce but ultime. Tous les citoyens recherchent le bonheur dites-vous, nous avons ce but ultime. La motivation au bonheur tout en étant bien réelle, a l’inconvénient de ne pourvoir exercer son pouvoir d’attraction que dans la mesure où on en précise le contenu et les moyens de l’atteindre. Sans cette précision un alcoolique, par exemple, continuera de croire que l’ébriété est une composante essentielle du  bonheur. Savoir que chaque citoyen recherche le bonheur donne de l’espoir quant à la possibilité de s’unir. Cela donne la preuve que les humains ont en commun un même objectif.  Il reste à parvenir à s’entendre sur la place de chacune des composantes du bonheur soit l’argent, le plaisir, la reconnaissance sociale, le travail, les loisirs, l’amour, l’amitié, la famille etc. Nous avons vu au début du texte par l’exemple des deux attitudes vis -à-vis de l’argent  que la mésentente sur la façon de  chercher à s’en procurer peut être source de désunion. Il en va de même pour chacun des autres réalités de la vie.

De plus, il s’ajoute une exigence supplémentaire. L’homme est le seul être naturel à savoir qu’il va mourir, la précision du contenu et des moyens du bonheur doit répondre à la question du sens de la vie de façon satisfaisante pour l’ensemble de citoyens. Sans quoi leur motivation dans les différentes activités de la vie risque d’en souffrir. Cela peut s’observer dans les sociétés qui ne sont pas parvenues à partager une réponse valable. Pourquoi s’imposer de soigner un conjoint gravement malade si le seul objectif reconnu consiste à profiter au maximum du moment présent? Pourquoi s’astreindre à dire la vérité dans un procès, alors qu’un tout petit parjure permet de se tirer d’affaire, si le chacun pour soi règne en maître. Comme vous l’entrevoyez  aucune société ne peut faire l’économie d’un sens de la vie assez clair et stimulant pour que chaque citoyen y trouve une motivation pour agir comme il se doit dans toutes les sphères de la vie. Ce rôle revient depuis toujours  à la religion. En éclairant les citoyens sur le but ultime de la vie et en stimulant leur courage la religion devient un facteur d’unité incroyablement puissant. Elle donne de surcroît un sens à la culture et à la langue. Mettre la religion de côté, c’est faire peu de cas du rôle unificateur  d’un sens de la vie partagé par l’ensemble des citoyens.  Faute de sens communément acceptés chacun agit dans le sens qui fait son affaire, cela ouvre la porte à la division.

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