Peu de choses procurent autant de joie que de vivre en présence de quelqu’un de bien, à part peut-être faire soi-même ces bonnes actions. Pour ceux qui ont la chance d’avoir comme conjoint quelqu’un qui agit de la sorte, cela saute aux yeux.
Outre le fait d’être le principal bénéficiaire de sa bonté, le seul fait d’en être témoin apporte un baume aux âpretés et aux déceptions que la vie apporte inévitablement. Avoir un repère fiable dans un monde instable rassure. Tout humain aimerait être ainsi. Face à la difficulté de le constater en ce qui le concerne, la contemplation des actes de sa douce moitié lui permet de maintenir le cap et d’avoir un portrait plus juste de la beauté de l’humain.
Dans le même ordre d’idée, avoir un enfant qui suit un bon chemin est pour les parents une bénédiction, une satisfaction profonde à constater ses bons choix. Le voir aller permet d’entrevoir la richesse de sa personnalité, d’où un sentiment légitime de fierté et du même coup la confirmation que les efforts de l’éducation en valaient la peine. De même avoir un ami, un collègue, un voisin de cette mouture est un cadeau de la vie. Côtoyer régulièrement quelqu’un qui sait bien faire les choses nous rassure sur le sort des humains. Si la contemplation d’un paysage ou d’une simple fleur procure un plaisir suffisant pour justifier un déplacement, à plus forte raison l’harmonie et les bienfaits d’une action bien menée. On ne se lasse pas du bien, notre amour pour ceux qui le font ne cesse de croître.
Le plaisir que nous prenons à écouter un film ou à lire un roman prend sa source dans ce besoin de voir quelqu’un faire le bien. Une fois entrés dans l’histoire, il est difficile de s’en détacher tellement nous tenons à savoir ce qui arrivera aux personnages. Que l’histoire finisse bien ou mal, si le héros a donné sa mesure, voilà ce qui compte. Nous sommes dans la fiction, donc dans un univers moins riche que le monde réel et, pourtant, notre plaisir est très grand. A considérer le nombre incroyable d’histoires qui capteront notre attention au cours de la vie, il est clair que cela répond à un besoin très profond.
Les nombreux spectateurs de sports participent également de ce désir pour autant que les sportifs, dans leurs quête de la victoire, montrent toutes les qualités sportives et humaines dont ils sont capables. Se lancer vers la rondelle en dépit de l’adversaire qui s’apprête à le frapper demande du courage. Faire une passe à son ailier alors qu’il aurait été tentant de lancer soi-même pour en récolter la gloire dénote de la générosité. Se plier aux directives de l’entraîneur, même si elles sont contestables, fait ressortir qu’il ne se prend pas pour un autre. Les amateurs de sport admirent tellement ces joueurs qu’Ils scrutent leurs faits et gestes, en discutent longuement et défendent bec et ongles de leurs préférés qui incarnent à leurs yeux les modèles à suivre.
C’est ce qu’Aristote voulait dire lorsqu’il affirmait que l’amitié ( qui inclut toutes les formes d’amour) donne la joie de contempler la vertu en action. Oui je le répète : à part faire soi-même le bien, être en présence de quelqu’un de bien procure une grande joie.
John White